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Médias sociaux, médias traditionnels… Pourquoi pas médias tout court ?

Il est temps de tirer un trait sur la frontière artificielle qui sépare les médias traditionnels (radio, imprimé, télévision) et les médias sociaux (blogues, Twitter, Facebook, pour ne nommer que ceux-là). Chez Upperkut, c’est une idée avec laquelle nous jonglons depuis un certain temps déjà. Mais de récents événements ont fait accélérer la réflexion et il nous incombe maintenant de clarifier notre pensée sur le sujet.

La télévision et Twitter

D’abord, la grandissante popularité des « live-tweets » pendant les émissions de télévision de grande écoute. On pense évidemment à l’émission Tout le monde en parle, qui a donné naissance au hashtag le plus populaire au Québec les dimanches soirs : #TLMEP. Chaque dimanche soir, des centaines de téléspectateurs y partagent leurs impressions sur les entrevues menées par Guy A. Lepage (@guyalepage) qui, avec ses acolytes Dany Turcotte (@danyturcotte) et André Ducharme (@AndreDucharme), échange aussi via Twitter. Bref, il y a deux Tout le monde en parle : un à la télévision, et un sur Twitter. Cependant, si la version Twitter est pour des raisons évidentes complètement dépendante de la version télé, il n’en demeure pas moins que l’opinion publique en ce qui concerne la version télé soit, du moins en partie, dépendante de la version Twitter. C’est le cas parce que Twitter étant le royaume des blogueurs, des journalistes et autres influenceurs, les opinions qui y circulent avec force représentent souvent les opinions qui circulent avec force hors-ligne.

Un autre émission de télévision québécoise, Un souper presque parfait, illustre encore mieux la fusion qui s’est opérée entre les médias traditionnels et les médias sociaux. Contrairement à Tout le monde en parle, la montée d’Un souper presque parfait dans les cotes d’écoute est directement liée à sa grande popularité sur Twitter via le hashtag #uspp. André Ducharme (encore lui !) le soulignait d’ailleurs lors de son passage à Tout le monde en parle :

À la lumière de ces deux exemples, il devient de plus en plus évident que les médias sociaux nourrissent les médias traditionnels, et vice-versa.

La campagne électorale et Twitter

Nous n’aurions pas pu écrire ce billet sans tenir compte de la grande importance qu’à joué Twitter pendant la campagne électorale fédérale qui tire maintenant à sa fin. Plusieurs ont mentionné que si la campagne de 2008 avait été une campagne Facebook, celle de 2011 aura été une campagne Twitter. Non seulement les chefs et les candidats des différents partis en lice ont beaucoup utilisé ce média, mais, encore une fois, Twitter aura servi à alimenter les médias traditionnels de la même manière que les médias traditionnels auront servi à alimenter le fil des échanges sur Twitter.

Premier exemple : en début de campagne, c’est sur Twitter que le chef conservateur Stephen Harper a invité le chef libéral Michael Ignatieff à venir débattre. Bien entendu, les grands médias traditionnels ont repris l’information, mais ils n’ont pu que constater que les médias sociaux les avaient « scoopé » sur ce point.

Mais l’exemple le plus concret est certainement survenu lors du débats de chefs en français. Grâce à Twitter, une citoyenne dénommée Muguette Paillé est carrément devenue une star après avoir posé sa question aux quatre chefs de partis. L’engouement pour Mme Paillé a été tel que l’expression « Mme Paillé » est devenue, pendant un certain temps, la septième expression la plus mentionnée (trending topic) sur Twitter dans le monde !

Le lendemain, Mme Paillé était invitée aux émissions de radio, sur les plateaux de télévision et on parlait d’elle abondamment dans les médias imprimés. En résumé : un média traditionnel (la télévision) a fait connaître Mme Paillé, des médias sociaux (Twitter et ensuite Facebook) ont fait exploser sa popularité et finalement tous les autres médias traditionnels (télévision, radio, imprimé) ont consacré cette popularité. Comme quoi télévision, Twitter, radio, Facebook et journaux sont maintenant capables de marcher main dans la main.

Qui pourrait maintenant prétendre qu’il y a une division nette entre les médias traditionnels et les médias sociaux ? Probablement quelqu’un qui n’a jamais entendu parler de Mme Paillé…